13/12/2012

R5 de N2 : Panda Sournois joue la rétro-analyse !


 
Aïe.  Autant le dire tout net, on en a pris une bonne dimanche. Faut dire qu’ils ont fait les choses bien les Brévannais. Déjà en tête (avec une ronde de retard et les mains dans le dos) après 4 rondes dont une où ils étaient exempts (sans marquer de points donc), ils ne sont pas venus en touriste à la capitale. Une fière tribu de gaulois, emmenée par le chef Calistrix chaud comme un bouillon de potion magique. De notre côté, nouvelle compo pour un nouveau match, quelques interversions d’échiquiers pour faire style on a une chance. Sur les 4 premiers échiquiers, ça devrait tenir plus ou moins, il n’y a que moi qui rend 200 points à mon adversaire, pour le reste c’est équilibré. Sur les 4 derniers, comment dire…  Vous voyez les grands yeux interloqués du bébé panda roux innocent qui prend conscience qu’il va bientôt finir en manteau chinois ? Ben pareil.

Et pourtant… Prévoyant, le grand sage Ving San nous avait concocté une petite incantation d’avant match dont il a le secret. De conseils avisés en impératifs catégoriques subliminaux, il avait su par une lettre numérique faire lentement monter la pression tout en galvanisant les forces vives de l’équipe. Ses imprécations démoniaques promettaient une fin douloureuse pour nos futurs adversaires…
Et en effet, tout démarre plutôt bien. Enfin tout. Sauf Manou Khan, le cavalier mongol, au 4e  échiquier, arrivé dans un état qui ferait passer notre bon président pour un cocaïnomane épileptique ébloui par un stroboscope. A peine ai-je le temps de jouer Fg7 dans l’est-indienne qu’il est déjà pris à la gorge. Pas le temps de dresser sa yourte à deux têtes que son adversaire joue à 1-2-3 soleil avec son cavalier et parvient à toucher le mur en d8. Paralysé, notre guerrier tente lentement de s’extirper de cette mélasse, mais la souffrance s’annonce longue et douloureuse. On connaît l’appétence de Manou Khan pour les positions consti… resserrées, alors on fera mine que tout va bien.  Lààà… Ça va bien se passer tu verras… Il nous confiera même qu’il a commencé à se sentir mal au 8e coup. Déjà quand on enlève d6-Cf6-g6-Fg7-b6-a6-Fb7, il reste un coup. A croire que les blancs ont joué 2 fois à chaque tour pour attaquer aussi vite. Note pour plus tard, penser à vérifier ce point…
Pour le reste, chacun ne sort pas trop mal de l’ouverture.
Au 8e, Fleur de lotus prend rapidement l’initiative et met les blancs sur la défensive. Encore une préparation impeccable de la touche de grâce de l’équipe, mais la route vers la victoire s’annonce longue face à une adversaire classée 300 points au-dessus d’elle et qui vendra chèrement sa peau. 
Au 1er et au 2e, c’est la loose. Il faut dire qu’on s’est préparés pendant 2 semaines pour jouer le mauvais adversaire. Heureusement, de vieilles prépas nous reviennent en tête, et permettent à Michael Bonze au 1er et Panda Sournois au 2 de tenir la dragée haute à nos adversaires.  Seulement voilà, toute préparation a une fin, et pendant que Calistrix va pousser jusqu’à la dernière ligne d’analyse les connaissances de Mike le Bonze, mon adversaire va sortir de la grande ligne en premier, me laissant patauger dans un marécage de variantes toutes plus désagréables les unes que les autres.
Derrière, Dragon fougueux au 7e nous gratifie rapidement du premier instant « Côté viande » du match. Dans une française bien trop ouverte pour être honnête, les blancs attaquent à tout va et pénètrent dans l’aile dame noire. Beaucoup de matériel échangé, et la solidité apparente de la position noire fait presque oublier que, tel DSK au Sofitel, leur roi se balade à poil au beau milieu de l’échiquier. C’est oublier l’instinct de tueur de Dragon Fougueux, qui dans un accès de rage pousse son pion en d5, le mettant en prise par 3 pièces en même temps ! Quasiment contraints de lâcher la grosse, les noirs transposent dans une finale 2T+C contre D+T qui nous fait espérer un gain rapide de la part de notre serial buteur.
Pendant ce temps-là au 6e, notre Samouraï vendeur de tapis réinvente la théorie des ouvertures (paraitrait que tout ça était préparé…Mmmmm je demande à voir quel obscur GM ouzbek aurait osé jouer ça) et se développe sur les bonnes cases mais pas avec les bonnes pièces. Un pion en f6 au lieu d’un cavalier, une tour en b7 au lieu d’un fou, un cavalier en a6 au lieu d’un pion, un pion en g6 mais sans le fou en g7… Tout cela aura au moins le mérite de semer le doute chez l’adversaire, et sans qu’on comprenne trop ce qui se passe, le Samouraï tiendra cette position exotique avec brio, parvenant (ou subissant, selon que l’on aime à voir le verre de saké à moitié vide ou à moitié plein) à échanger une tour contre 2 pièces mineures. Les deux positions restent solides, et on voit mal comment un des deux camps pourra progresser.
Au 5e, c’est Albanzaï qui a la lourde tâche de scorer face à un adversaire bien plus costaud. Les noirs débitent la théorie à vitesse grand V, et rentrent dans  un schéma tactique qui n’est pas sans rappeler une partie mémorable du jeune Fischer dans les locaux du Marshall Chess Club face à Byrne (http://www.chessbase.com/newsdetail.asp?newsid=7260). Les noirs sacrifient donc leur dame en échange d’une tripotée de pièces mineures qui s’agglomèrent au centre de l’échiquier. Sans s’énerver, Albanzaï engrange le matériel offert et ne tombe pas dans les pièges tendus par son adversaire. Une fois le zeitnot passé, les noirs ont R+T+F+4 pions contre R+D+pion, autant dire que l’affaire est loin d’être réglée. A force de patience et d’échecs répétés, les blancs parviendront à croûter de nombreux pions pour arriver dans une finale où la forteresse noire ne laissera aucun espoir de gain pour les deux camps. La partie continuera inexplicablement pendant plusieurs dizaines de coups, mais sans aucune progression des deux côtés, se terminera au bout de la nuit par un match nul logique.
Enfin, au 3e c’est Jackusa qui s’y colle. Il affronte un adversaire au moins aussi réveillé que Manou Khan, et l’ouest-indienne qui s’ensuit manque de peu d’endormir les deux joueurs. D’ailleurs pour être sûr de ne pas sombrer, Jackusa jouera de nombreux coups… debout. Après quelques échanges, une position étrange apparaît, avec 7 pions contre 7, et D+2 T dans les deux camps. Les blancs finissent par grappiller un pion, mais la position avancée du roi noir semble être à la fois une force et une faiblesse sans qu’on puisse donner un avis définitif. Faut se méfier quoi…
Bref, à l’approche du zei not, toujours aucun résultat. Tout s’est un peu dégradé pour chacun, mais personne n’a abdiqué. Fleur de lotus sera une des premières à succomber à la pression du temps, qui lui fait progressivement perdre pied dans une position pourtant bien supérieure. De mon côté, de petits plus en petits plus, mon adversaire resserre un à un ses doigts autour de mon cou, jusqu’à ce que je daigne lui donner un pion. Puis deux, puis 3, etc… Je joue jusqu’au 40e pour la forme et abandonne. Faudra que je songe à pousser f5 dans l’est-indienne. Un concept intéressant qui m’a été soufflé plus tard. J’attaquerai ce pan de la théorie après avoir terminé « Comment j’ai progressé en jouant b5 dans le gambit Benko » et « Osez 1… e6 dans la française ».
Au 7e, l’incroyable se produit. Dragon fougueux s’assoupit une microseconde durant sa digestion de la dame adverse, et laisse aux noirs un contre jeu inespéré malgré un roi qui n’en finit plus de s’aventurer dans la position blanche. Les noirs finiront même par trouver un perpétuel qui met fin à nos espoirs de marquer le moindre point dans cette rencontre.
Au 1er échiquier, Michael Bonze s’est gouré.  A peine sorti de sa prépa, il commet une imprécision et laisse probablement à cet instant s’échapper l’initiative. Sans doute pensait-il que Calistrix commençait à ranger ses pièces en replaçant son fou en c8. Faut dire qu’il n’est pas né de la dernière pluie le chef gaulois. A peine on lui laisse deux pions centraux qu’il se met à créer des menaces de mat dans tous les sens. A l’approche du zeitnot, et devant la défense opiniâtre des blancs, Calistrix choisira néanmoins de prendre le perpétuel. Une nulle de salon de combat, comme dirait l’autre. Enfin… Un MI, lui, aurait sans doute gagné cette finale… Héhéhé
Derrière, tout s’enchaîne. Ou plutôt tout déraille. Manou Khan, qui n’a toujours pas développé son aile dame,  chatouille l’aile roi blanche, mais sa tour seule ne fera pas le poids face aux forces blanches. Le roi noir finit par se faire extraire de son terrier et clouer au pilori par un vil poney des steppes. Ça fait déjà 3-0 pour les irréductibles brévannais, mais il reste encore quelques parties. Plus pour très longtemps, car Jackusa a inexplicablement fini par se retrouver mal et malgré plusieurs astuces dont notre champion a le secret, la promotion blanche ne suffira pas pour obtenir le demi-point du match nul. Le match est déjà perdu, et l’adversaire du Samouraï consent à son tour la nulle.
Au final, une défaite 4-0, pas déconnante au regard des forces en présence, mais dure à avaler quand même. On aurait souhaité plus de réussite pour Fleur de Lotus qui méritait de continuer sur sa belle lancée de nulles, et qui aurait couronné la défense héroïque de la 2e moitié de tableau, qui aura largement fait le boulot en ne s’inclinant que 1,5/2,5. Tout ça n’a pas empêché la fine équipe d’arroser cette défaite comme il se doit, avec force Picon, notre hydromel à nous. Certains pousseront la soirée jusqu’à 2h, arrosant de champagne des toasts de Petits écoliers au Morbier. Parce qu’on a du goût, nous, au Canal.

Bonnes fêtes à tous, rendez-vous en 2013 !

4 commentaires :

Anonyme a dit…

Marc, ton inspitation littéraire pourrait-elle'de temps à autre s'inspirer de Sartre, Shakespeare ou même Gérard de Villiers ?! Car Astérix deux fois d'affilée c'est fastoche..........

Panda Sournois a dit…

Asterix pour cette fois-ci etait plus ou moins imposé pour nos adversaires (vous noterez que pour nous il a changé), puisque Calistrix avait deja son surnom avant que je m'inscrive au Canal et souhaitait le garder pour le CR. Je vous laisse, cher anonyme, le soin de pondre un CR amusant autour du theme de l'existentialisme ou d'un doge amoureux, et vous souhaite bon courage.

Anonyme a dit…

Tu sais qui je suis puisque j'étais présent Marco !

Yegonzo a dit…

Très bon ! ... Comme toujours !